Fiche de lecture n°8 : Les acquisitions dans le contexte électronique
Références bibliographiques :
Cavalier, François, « Les acquisitions dans le contexte électronique », BBF, 2006, n° 1, p. 62-65[en ligne] <http://bbf.enssib.fr> Consulté le 22 décembre 2006
Sujet :
Les enjeux liés au nouveau mode d’acquisition des documents électroniques.
Mots clés :
Acquisition / Électronique / Consortium / Économie.
Les auteurs :
François Cavalier est directeur de la bibliothèque de l’université Claude Bernard Lyon 1 et responsable du département Négociations documentaires du consortium Couperin.
Résumé :
L’acquisition de textes imprimés est bien établie. Les collections sont structurées et répondent à des besoins ciblés. Les acteurs de la littérature scientifique et ceux de la littérature grise ont commercialisé leurs méthodes de production de la ressource.
Les bibliothécaires procèdent en sélectionnant des ouvrages qui déterminent leur collection.
L’acquisition de documents numériques se différencie par le déplacement de ces repères. La récupération d’informations moins structurées sur Internet nécessite un mode de recherche spécifique, une nouvelle approche de la conservation.
La construction de collections par les bibliothécaires est perturbée, comme d’autres aspects, par le web, véritable «réservoir de ressources».
Acquérir des collections électroniques
Des modèles économiques sont appliqués à ce mode d’acquisition :
· E-fee (papier + électronique) : c’est une redevance spécifique prise comme base de calcul du chiffre d’affaire. Elle permet d’autoriser la consultation en ligne du document ou d’une partie du document. La collection doit cependant être conservée sous la forme papier. C’est une pratique courante de bibliothèques universitaires.
· E-only (tout électronique): ce modèle permet d’exempter les structures des abonnements papier du fournisseur. Le client paye seulement l’abonnement électronique.
· Deep Discount Price (électronique + papier) : c’est une autre version du modèle précédent à la différence qu’il permet d’acquérir la version papier avec une remise dite Deep Discount Price.
Ces deux derniers modèles place la collection papier comme étant optionnelle.
· La classification des établissements par taille d’établissement (nombre d’usagers) : il est utilisé pour tarifer les bases de données.
· La tarification à l’acte (pay per view) : peu employé, ce modèle se base essentiellement sur la notion d’usage pour établir ses tarifications.
Les effets, avantages et « dommages collatéraux » de ces modèles
Dans le cadre de ces modèles, le droit d’usage remplace la possession des supports. Le client paye ses archives en adoptant des licences restrictives sur les droits d’archivages. Ces archives restent disponibles sur le site du fournisseur et leur pérennité n’est pas assurée.
La situation précaire des sociétés qui détiennent les droits n’assure pas la durabilité de cette activité commerciale. Il faut redéfinir le rôle des réseaux de bibliothèques dans la gestion des archives numériques en établissant un cadre politique de la conservation dans le réseau.
Les modèles économiques permettent de vendre des titres électroniques dans des bouquets (bundle). Un schéma appelé « Big Deal »permet au client de parvenir plus facilement au catalogue de sa production. Beaucoup de consortiums acceptent ce type de contrats qui favorisent financièrement le fournisseur.
Les éditeurs, ainsi que des établissements et des groupements de commandes nationaux participent au développement du « Big Deal » qui permet aux établissements de subvenir aux besoins de leurs utilisateurs. En dehors de ce schéma, les fournisseurs limitent généralement leur offre à des packages déjà constitués ne satisfaisant pas la plupart des besoins des établissements et n’étant pas toujours rentables.
Ces difficultés rencontrées dans l’acquisition de documents électroniques s ‘étendent à d’autre pays, tels que les Pays-Bas.
Par ailleurs, l’orientation de l’acquisition de documents électroniques tend à uniformiser les offres documentaires des établissements d’enseignement supérieur. Cette tendance est la conséquence de l’absence de sélection et de l’achat du même bouquet.
Par conséquent les ressources du réseau des bibliothèques ne sont plus aussi variées et le prêt entre bibliothèques subit une forte baisse. Ce bouleversement a porté préjudice aux bibliothèques dépositaires de fonds importants et au réseau Cadist. D’après une enquête menée par la Sous-direction des bibliothèques, ces constats sont toutefois à nuancer, l’enquête concluant à l’importance des Cadist dont l’activité doit être seulement repositionnée dans ce nouveau contexte électronique. La variété des collections n’étant plus prédominante, le réseau des bibliothèques doit également redéfinir ses missions et s’orienter vers la négociation, la constitution et la promotion de l’offre numérique. Les bibliothèques doivent étendre leur rôle à la dimension du réseau en développant la fourniture de documents à distance et en négociant la documentation pour la communauté ou en créant des groupements de commandes.
Par ailleurs, l’offre électronique standardisée a permis de développer l’offre documentaire fréquemment défaillante ou étique surtout pour les petits établissements qui peuvent se joindre aux collections des établissements plus riches. L’uniformisation permet une meilleure satisfaction des besoins des chercheurs qui ont alors accès à des ressources documentaires de qualité quand ils le souhaitent, et d’optimiser l’offre documentaire des établissements.
Perspectives
L’acquisition de collections électroniques permet aux bibliothèques de l’enseignement supérieur d’améliorer leur visibilité, et malgré les perturbations dues à ce nouveau mode d’acquisition, cela à permis aux bibliothèques de se rapprocher des chercheurs et des décideurs de l’université.
Le consortium a permis aux bibliothèques de négocier les licences et de réduire les coûts. La répartition des savoir-faire assure l’évolution du professionnalisme des bibliothécaires. De plus, le partage d’information et la collaboration entre les bibliothèques et les consortiums permettent à la documentation de faire face à la contrainte économique des grands groupes éditoriaux.
Avis critique :
Cet article révèle les enjeux économiques liés à l’acquisition dans le contexte électronique. En développant les différents modèles économiques de ce nouveau mode d’acquisition, l’auteur explique clairement la situation à laquelle sont confrontée les bibliothèques.
Il met en avant l’intérêt qu’ont les structures documentaires à se regrouper pour une meilleure gestion des bouleversements occasionnés et faire face aux modes de fonctionnement des fournisseurs.
Le 28 décembre 2006